arnaud maïsetti | carnets

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rien n’est sans si

[09•09•22]

vendredi 9 septembre 2022


Fiez-vous-y ! / À qui ? / En quoi ? / Comme je vois, / Rien n’est sans si.
Ce monde-ci / A si / Peu foi. / Fiez-vous-y !
Plus je n’en dis, / N’écris, / Pour quoi ? / Chacun j’en crois / S’il est ainsi ; / Fiez-vous-y !

Charles d’Orléans

Tout à l’avenant : pas seulement la colère avec la tristesse et la fatigue avec le désespoir, mais aussi le désir avec la peur, le rêve avec ses signes et les signes avec la terreur des signes, le regret enfin qui emporte tout le reste : tout cela qui va ensemble, l’un avec l’autre comme des frères, des orphelins, des sœurs de charité sans hospice où dormir et trouvant sur le sol dur la seule loi tangible sous la lune — oui, l’incertitude de toutes choses est la dernière certitude après le désastre et nous y sommes, pas besoin de théories pour les complots et pas besoin de complots pour désirer renverser les formes que prend la réalité pour advenir : et elle prend toutes les formes : l’incertitude est seule ce qui nous sauve de sa fatalité puisque tout tremble, la raison comme la folie, le jour comme son lendemain et l’incertain où nous allons comme le chemin où l’incertain nous mène et si la brume se lève là-bas, ce peut-être au-dessus des gouffres ou devant le grand large, comment savoir – comment ?

Long rêve continu hier malgré les nombreuses interruptions : à chaque fois il reprenait, mais non pas là où je l’avais laissé : il s’était poursuivi sans moi et je le reprenais en marche, tâchant de comprendre à chaque fois ce que j’avais manqué, faisant semblant de saisir, et puis au moment où de nouveau j’étais de plain-pied en lui, je me retrouvais dans la chambre noire de la nuit avec cette idée que décidément je manquais tout.

Depuis dix jours et le retour de la Mousson, l’œil droit pleure seul sans autre raison que la fatigue, le temps, le siècle, la vie, ou tout ce qui entre moi et le monde se jette sur moi pour que je réponde et je ne réponds pas ; sans tristesse ni douleur, les larmes coulent.