arnaud maïsetti | carnets

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Saint-Thomas

lundi 5 avril 2010

Des murs, je traque les visages, les peaux mortes, les mouvements de sédimentation des villes — les expressions possibles d’une durée arrêtée ; et plus loin, emmenée.

Comme des entrailles, ces murs ouverts : j’ai le geste de Thomas — fouiller la plaie avec mes doigts, toucher la preuve de la vie après la mort : vérifier, de mes yeux vérifier : demeures saignantes des projets arrêtés.

Murs aux multiples épaisseurs : de la peau rongée jusqu’aux nerfs, grattée à l’os quand la douleur est trop forte pour être éprouvée (palimpsestes), et qu’on est obligé de regarder : cet intérieur du corps qu’on voit comme extérieur à soi — et devant lequel on reste silencieux : sur lequel on écrit.

Couches après couches, la ville se dépouille devant moi, à lambeaux : grande blessure, sans remède, sans recours — en laquelle je m’enveloppe.