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trois images du temps
mercredi 11 mai 2016
Mercure (passant invisiblement devant le soleil, pas plus grand qu’un point, à peine, et se déplaçant, 88 jours suffit à faire une année, glissant dans le vide comme s’il était infini, et comme si nous n’étions pas, ici, Marseille à l’aplomb de son passage un point perdu dans sa trajectoire, ou peut-être dans sa chute)
L’université (recouverte d’échafaudages comme si elle était en construction, ou en destruction, du sol au ciel, dans l’ordre parfait des gros œuvres d’État qui travaillent à notre avenir, s’occupant des façades, vidant ce qui dans les murs d’Aix-en-Provence font tenir les murs droits : imaginer sur l’image le bruit de la poussière qu’on remue)
République (les pas traversant le vieux monde sans le voir, le piétinant, dégradant ce monde si vieux pour mieux inventer un autre, écrivant à la surface de Paris des trajets qui sont des lignes courbes, relatives, dignes, féroces, qui n’attendent rien, qui veulent tout, qui prennent, qui font gloire au saccage, gloire au ravage, et qui dans la sauvagerie joyeuse des soulèvements inventent le temps possible, pas celui de demain, mais celui d’aujourd’hui – chaque jour)