arnaud maïsetti | carnets

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volets tirés

vendredi 4 septembre 2009

On reste un instant sans mouvement, attendre que cela passe, la douleur et la phrase qui l’emportera. On se trompe ; la phrase (qui dans le rêve nous a sorti du rêve) appuie de tout son poids pour accentuer la douleur encore, on laisse faire. On finira par l’écrire — et toutes les autres qu’elle tire après elle.
On sait bien qu’on ne se rendormira plus. Dans le noir qu’on n’apprivoise pas encore, la nuit, pour tout le reste de la nuit, est terminée.

Les murs de la conscience fermés, volets tirés sur toute lucidité : la main écrit devant soi les mots que le poignet dessine, et ce à quoi on assiste, c’est moins la mise au clair de la pensée, que la trace qui efface peu à peu la pensée, qui repousse la parole jusqu’où la peur, la douleur et le corps vont parfois dans le souvenir.

Quand on se redresse au petit matin, sur la page, ce n’est pas écrire, et passé de l’autre côté des heures, ce n’est pas d’avoir écrit ou d’avoir raconté : c’est tout le récit d’un mur autour duquel on aurait construit trois autres murs — et dans l’espace patiemment élevé, on l’aurait habité un peu, et quitté avec le jour.