Une carte est toujours une forme d’abstraction. Et quand y demeure seul, le tracé des rues qui se croisent, bifurquent et s’éloignent, ce tracé révèle la délicate beauté du motif sous-jacent de toutes villes. Voir une ville telle qu’elle est quand on n’est pas là. Un tel désir ne peut être que contrarié, mais un désir contrarié, loin de s’éteindre, en est au contraire avivé. Il y aurait plusieurs rues, un panneau qui décrit le chemin qui mène à un autre. Devant le panneau, on est invité à imaginer, non (...)
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_vases communicants
Articles
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Les lignes de désir_
Pierre Ménard
2 juillet 2010, par arnaud maïsetti -
lieu où écrire_
Joachim Séné
4 décembre 2009, par arnaud maïsettiToujours cette longue marche dans les rues de la ville avant de m’asseoir dans un café pour écrire. Je regarde depuis le trottoir, à travers les larges baies vitrées, la couleur intérieure de ce bar, la disposition de ses tables, de ses chaises, de ses banquettes. Quelque chose ne va pas. Où est le comptoir ? Y’a-t-il des places avec dos au mur ? Et l’éclairage ? J’essaie d’imaginer l’ambiance sonore, la musique qui passe, est-ce RFM une fois de plus ? Il ne faut pas hésiter à partir quand on entend (...)
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Une légéreté translucide_
Isabelle Pariente-Butterlin
2 septembre 2011, par arnaud maïsettiOn aurait pu, tout de même … Tu crois qu’on aurait pu … tu veux dire : faire quelque chose ? Oui, peut-être, au moins, on aurait pu essayer… parce que là, on n’a quand même vraiment rien fait pour arranger les choses. Ça tu peux l’dire. On n’a rien fait. Rien du tout. Alors là, rien de rien. Je confirme. C’est bien vu. Je sais que tu m’en veux. C’est pas la question.
La question, c’est celle de tous ces possibles qui basculent peu à peu dans l’impossible, qui se détachent de nous, se dissolvent dans hier (...) -
marcher dans cette ville_
Stéphanie Khoury
3 septembre 2010, par arnaud maïsettiPerdre connaissance dans les rues : ne plus reconnaître les pavés foulés mille fois, comme si l’habitude les avait rendus nouveaux. Les souvenirs se dissipent, il n’y a plus de place dans la mémoire. Pourtant, toutes ces choses qui ne s’oublient pas — et que tu ne sais déjà plus si tu les as vécues — toutes ces choses paraissent loin.
Comme si un nouveau jour ouvrait sur une vie à chaque fois différente. Et pourtant — ce qui ne peut pas (encore) disparaître.
Sortes de voiles posées quelque part, (...) -
Entrer, sortir. Une échappée poétique_
Geneviève Dufour
1er octobre 2010, par arnaud maïsettiI’m Not Yours (Angus & Julia Stone, ’Down the Way’, 2010) J’ai quitté ma country doucement comme on sort la nuit d’entre les draps pour ne pas réveiller l’homme qui sommeille tout près. J’ai marché sur les trottoirs avec une fausse rêverie : devenir autre. Et puis, j’ai rencontré Arnaud. Il se dirigeait en sens inverse. Je crois qu’il cherchait la clôture de bois cernant la plaine. Il cherchait le monde écrit. Il ne m’a pas reconnue. Il a poursuivi son chemin. Petite ombre lointaine. Visage évanescent. (...)
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Imaginer (HLA DR4)_
Olivier Guéry
3 juillet 2009, par arnaud maïsettiJe sais, beaucoup oublié, ossification des jours, articulation des événements timides, brûlant au creux des paumes, poids des draps d’alors, coton grège du vieux lin sur peau, couleurs aux murs, mains qui agrippaient la mienne, leur taille, leur poids.
J’ai aussi oublié la mienne d’alors, accrochée de-même, taille et poids d’alors, de même oubliés , mais il m’en reste assez — ce devrait être ainsi — pour la reconnaître aujourd’hui, posée en face de moi, tremblante ou qu’importe — elle tremble un peu parfois (...) -
Felt_KMS
3 décembre 2010, par arnaud maïsettiAll The People I Like Are Those That Are Dead(Felt, ’Forever Breathes The Lonely Word’, 1986) Sur la pochette il est coupé en deux, comme déchiré entre deux existences. Un peu flou.
La première fois, c’est Lloyd Cole qui revient en souvenir inoffensif. La K7 gagnée à un concours d’une radio fm, il fallait répondre aux questions sur minitel, une k7 de Lloyd Cole and the Commotions on était en 1986. Rattlesnake.
1986, l’année de sortie de ’Forever breathes the lonely world’. Monde parallèle. Dimension (...) -
Vases Co #4 | La rue
5 octobre 2009, par arnaud maïsettiOctobre 2009
sur 36 poses, de Annie Rioux -
Court et slovaque
_Nicolas Ancion
1er avril 2011, par arnaud maïsettiHier on était samedi Et tout l’après-midi Dans ma chambre chauffée J’ai gratté le papier et mon nez En alternance Des sécrétions de l’un il ne reste presque rien En ce dimanche de pluie Deux trois machins séchés sous une chaise Et de l’autre pas plus Six sept feuillets bleuis dans un carnet Une lettre affligeante Que je ne posterai que demain De Liège Si j’y pense C’est déjà un exploit un samedi pareil Il y en a eu tant d’autres dont il ne reste rien Même sous les chaises Des samedis de sieste Des samedis (...)
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Hors jeu_
Jean Prod’hom
7 mai 2010, par arnaud maïsettiAve Verum Corpus, Lodovico da Viadana ("Missa solemnis pro defunctis") Il ouvre les yeux sur un jour sans attrait. Alors il baisse les paupières qu’il glisse sous l’oreiller et il se terre. Forclos, rideaux tirés, chassé dès le réveil, c’est clair il n’en sortira pas. L’éprouver et le dire n’y change rien, la lumière insiste, il remue à peine, incapable d’en appeler au courage. Ce matin le jour est fané.
On devra se rendre à l’évidence, aucune transaction n’écartera le soleil de sa course, il faudra faire (...) -
je courrais sauvage _
Mahigan Lepage
7 août 2009, par arnaud maïsettiEt je courrais sauvage sur le béton des villes, cherchant comme un fou un peu de terre nue, mais que partout le béton de vos citernes recouvre, et foulerais ce béton à m’en écorcher les paumes, des mains sur les murs et des pieds sur le sol, filant des trajectoires à vous impossibles, écorchant aux surfaces des lambeaux de chair, comme des plaies saignantes la ville est à vous, à chaque foulée un peu moins de mon corps, comme une peau la ville je porte trop de vous, mais j’irais inarrêtable comme un (...)
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ombre et trace_
Christine Jeanney
5 mars 2010, par arnaud maïsettiparce que je ne sais pas voir qui fait l’ombre et la trace, du moins n’ai pas envie, l’immuable me lasse, et parce que les longs doigts dans l’herbe se reposent on dirait, parce que les signes les courbes les lignes les frontières sont belles de bouger, parce que la tête levée, parce que la tête baissée, parce que regarde bien ça va disparaître, parce qu’un bec un bossu une traine un serpent blanc, parce qu’un canevas couches se superposent, parce que terre feuilles herbes brindilles lumière branches un (...)
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Village des Batignolles
_Sarah Cillaire
6 mai 2011, par arnaud maïsettiAu moins cette eau du puits glacée, bois-la : le ficus vit encore. La façade a été ravalée. Les jeux du square de nouveau en travaux : en 1998, le nouveau revêtement de sol, à l’aspect d’écorce, sur lequel rebondir en marchant. Tu brunches à vingt euros. Les bureaux de tabac tenus par des Asiatiques. Trois enfants sont nés. Dix mille le mètre carré. Le mec du manège, ses converses, devenu bossu. Les jours de brocante où il pleut. Mon Franprix est ouvert le dimanche matin, on n’y trouve presque plus de (...)
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crire
oracle, harmonie, silence végétal
en tombant -
le cri | Annie Rioux
2 octobre 2009, par arnaud maïsettiIl m’arrive souvent de tomber en rêve, quand pourtant je marche. C’est au lever du jour, alors que les carnets se répètent et se chargent de l’excédent du monde. Dans l’immolation, ce qui ne se dit pas. Le silence court, je note, l’intimité des choses qui est la mort, ce que dit Bataille - des faces battues dans les dédales du métro, le bruit des bracelets d’une femme en sursis, et l’homme mordu par l’insomnie, qui fixe l’arrondi de ma chaussure avant la marche. À descendre. À la remontée on se choque, se (...)
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leur mort en moi qui mord_
Michel Brosseau
2 avril 2010, par arnaud maïsettiLes mots que je ne forme pas Est-ce leur mort en moi qui mord Louis Aragon, Le Roman inachevé
leur mort en moi il faudra s’extraire leur mort en moi qui mord trop incertain cet entre-deux tant d’inachevé tant de silence est-ce leur mort en moi qui mord quand maintenant vaciller quelle empreinte des mots lourds mots qui défont mots qui font qu’à renverse envers et contre tous leur mort en moi qui mord pas à pas mot à mot s’éloigner sans se perdre les mots que je ne forme pas tu sais le prix des (...) -
Où m’emmènent leurs noms_
Laurent Margantin
5 novembre 2010, par arnaud maïsettiOù m’emmènent leurs noms, se demandait-il. Où m’emmènent ne serait-ce que leurs noms de rue, partout où je vais, partout où j’habite, partout où j’ai habité, parfois une seule année ou quelques mois. Il m’arrive même d’oublier les lieux habités pour ne me souvenir que des noms de rue, dont certains peuvent me hanter des années après. La rue Montcalm. La rue Hortense Foubert. L’allée des bois. (Et je reconstitue ou crois reconstituer alors l’ordre des années.) La rue de l’université. La rue des Anglais. La rue (...)
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née ici_
Anne Collongues
5 février 2010, par arnaud maïsettiSi j’étais née ici, je ne regarderais pas ce paysage presque nu avec curiosité. J’aurais fait ce trajet cent fois, mille fois. Je ne remarquerais pas les arbres dispersés comme des parasols entrouverts. Je serais peut-être, dans le wagon d’à-côté, un des ces rires qu’on entend jusqu’ici.
Si j’étais née ici, j’aurais l’habitude de ce vent tournant, fait de poussière amassée loin, qui fait aboyer les chiens. Je m’appellerais Adi, Hadas ou Noam, j’aurais un prénom court et j’écouterais de la musique américaine. (...) -
Pour Claude Favre | vase-communicant (collectif)
8 septembre 2012, par arnaud maïsettiDepuis près d’un an, je m’étais tenu un peu loin des vases-communicants, dont je n’avais pas manqué pourtant un rendez-vous pendant les deux premières années. C’est inattendu pour moi d’y revenir. Il fallait bien ceci, pour l’occasion — un vase-communicant collectif, offert tout entier à Claude Favre, poète si importante, langue essentielle pour ce monde, qui nous manque, mais qui reviendra, j’en suis sûr.
Ce vase fêlé, on s’est mis à plusieurs pour le monter de nos mains, te dire qu’on pense à toi, (...) -
Par où on s’évase_
Louis Imbert
4 juin 2010, par arnaud maïsettiLe dehors est en bloc. Je suis là-dedans et je cherche fissures. Il est très difficile d’en sortir. Par exemple, il y a le goût de poussière de tous ces légumes en boîte. Il y a la poussière le soir dans les rues et le plaisir à voir les premières fenêtres s’allumer sur les collines, qui paraissent extrêmement proches. Il y a la nuit et les roses aux jardins de Babur - le souvenir de ceux d’Ibn Battuta, j’ai compris physiquement pourquoi il est si important pour lui de les évoquer à chaque entrée dans une (...)