La Mousson d’Été 2025 | Temporairement Contemporain [n°1]

Une semaine durant, à la Mousson d’été, pour la quatrième année, j’écris le journal du festival en compagnie cette année de Laëtitia Guichenu. Ici le Temporairement Contemporain du jour.

Le monde tangue — on n’en finit pas de le dire, comme si nommer la chute pouvait la ralentir — saturé d’alertes, battu d’angoisses, pris dans le vent qui tord, salit, emporte. Et puis revient la vieille question jamais résolue, aussi vieille que le théâtre, qui est aussi vieux que le monde : que peut le théâtre ? Presque rien, sans doute. Et dans ce presque s’ouvre la brèche où tenir, ce reste de vie. Sur les plateaux éphémères et fragiles de la Mousson, la parole passe comme si c’était du temps et du fleuve inquiet qui déborde de peurs, de rage et d’entêtement. Vent qui soulève pour renverser nos silences. Face au(x) désastre(s), aucune consolation possible ; le théâtre ne panse pas : sert plutôt à affronter autrement. Vent têtu, fleuve sombre, paroles qui servent à inventer d’autres rives, à jeter par dessus les courant des pierres lancées à mains nus qui fabriquent ces gués par quoi franchir.