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Cette charge-là
dimanche 9 novembre 2008
LIRE
1°Connaître les lettres et savoir les assembler en mots. « Cet enfant commence à lire des phrases. »
2°Prononcer à haute voix ce qui est écrit ou imprimé. « Lire haut, tout haut. »
3°Prendre connaissance du contenu d’un écrit, d’un livre.
4°Lire la musique, connaître, en parcourant des yeux une musique notée, les sons que les notes figurent, et les modifications que ces sons doivent recevoir.
5°Expliquer.
6°Comprendre ce qui est écrit ou imprimé dans une langue étrangère.
7°Lire se dit quelquefois pour suivre une certaine leçon dans un texte qui en a plusieurs.
8°Fig. Reconnaître, discerner quelque chose par une espèce de travail que l’on compare à la lecture. « Ces tristes vêtements où je lis mon malheur »
9°Expliquer les motifs des dessins aux ouvriers qui doivent les exécuter dans une fabrique de tissus ouvrés ou imprimés.
10°Se lire, v. réfl. Être lu.
Quand on prend la parole, c’est à quelqu’un qu’on la prend - à celui qui vient, là, une minute avant, de parler, de lire. Et quand on se tait, c’est pour mieux donner la parole à celui qui va, dans une minute, à son tour, lire : parler.
On est debout comme pour mieux poser ses pieds sur le sol, appuyer son corps quelque part, aussi droit et devant que possible - ou assis, et ce sont les mains, les coudes, qui se posent cette fois : toujours une manière de travailler le corps par dessus la voix, et la voix dans le corps qui donne forme au réel.
Les visages : ce sont ceux qui devant soi se constituent en mur et en traversée : qu’on lève les yeux sur eux, et c’est le vertige - trop de visages tournés vers un seul et même endroit (où on se trouve), trop de visages dans un espace si réduit. Pourtant quand on parle, dans ce silence, c’est aussi comme pour leur prendre la parole : une manière de la leur rendre.
Ce qu’on dit a son importance : c’est l’importance même de ce qu’on dit qui fait cette géographie simple et dense de la salle. Il y a ceux qui baissent la tête en écoutant, et ceux qui regardent le plafond, ceux qui plongent leur regard directement dans notre bouche.
En remontant Montorgueil, on pense à ce qui suit le dernier mot : cette respiration (aussi importante que la respiration avant de lire) qui signe le dernier mot. Ce qui suit le dernier mot est toujours un regard lancé à un visage ami - je sais toujours le reconnaître désormais. Ce qu’on a traversé n’est pas seulement des phrases sur du papier : mais du silence qu’on a brisé ensemble, par poignées répandu et qui finira par couvrir les murs.
Alors, qu’on endosse cette charge là, qu’on occupe cette place là, pour un temps si court, c’est à ce visage qu’en retour on adresse la reconnaissance.