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La Ciotat & Cadolive | Sur les hauteurs
mardi 21 novembre 2017
D’une journée l’autre, chercher de nouveau les respirations à hauteur de nuages, et d’ici envisager le niveau de la mer, la rectitude tranquille de cette réalité. D’ici, s’éloigner aussi, prendre des forces.
Le Bec de l’Aigle se jette immobilement dans le ciel et dans la mer, et la ville s’y adosse de tout son poids : dans la lumière de novembre, au soir qui tombe si rapidement sur les hauteurs, on voit la férocité de l’aigle et sa sérénité, on voit outre le bec tout le corps et presque la faim de l’aigle, on voit la terreur de ceux qui vont être emportés par l’aigle, qu’il épargnera finalement.
Chemins pris face au soleil, juste en face : pour confondre la lumière et le chemin, et la poussière avec le ciel – c’est cela marcher, et aller dans le soir.
En tournant le dos à l’aigle, c’est Cap Canaille : les hauteurs ocres sur Cassis qu’on ne verra pas – le soleil tombera avant de passer le col.
Quand on se retourner, on verra l’aigle plus ocre encore que la terre ocre de Rustrel, la gorge rouge de désir de sang et de soif.
Alors, dans la peur de l’aigle et pour lui échapper peut-être, le soleil tombera si vite, si lourdement, qu’il prendra feu et avec lui ce qui restera du ciel, comme un jet de sang arraché par le soir, l’aigle et sa soif.
D’argent à une branche d’olivier d’argent fruitée de sable ; au chef d’azur portant en lettres de sable cado ouliva ven a ben – blasonnent les armes de la ville, qui n’en a pas. Mais des mines, oui ; et des oliviers, oui : et des collines autour d’elle, surtout : le Mont Julien.
Au pied du sommet, on voit le village répandu en désordre dans la vallée, des hommes et des femmes y sont là du matin jusqu’au soir, rêvent et boivent, et regardent parfois le soleil en se demandant s’il va geler, demain.
Quand on bascule au sommet, qu’on passe d’un regard le Massif de l’Étoile, c’est Marseille soudain qui est répandu jusqu’au bord de la mer, brillante comme du fer.
La terre ne fait pousser que de la poussière ici, et du vent que la Sainte Victoire tente d’arrêter de tout son corps, en vain.
Et le vent ne fait pousser que de la terre, qui prend forme de rocher dressé dans le vent pour le défier, et s’en va battre sur lui. Cette leçon aussi, on l’emporte avec soi.