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Marseille | Derrière la façade des apparences
Au pied du mur qu’est la ville
mardi 14 novembre 2023
Un des côtés d’un bâtiment, dit Littré qui ne se trompe presque jamais, ou d’un édifice lorsqu’il se présente au spectateur ou qu’il décore une place, une rue ajoute-t-il avant de proposer un exemple qui laisse rêveur, mais n’étonnera pas ceux pour qui la ville est résolument cette masse hostile qui donne envie de se jeter dans le premier courant venu pour rejoindre la mer, l’immensité, le large, tout ce qui n’est pas la ville : La façade qui regarde la rivière.
On se tiendra toujours fatalement devant la façade : et ce sera toujours elle qui nous regarde depuis ce dehors exposé qui ne cesse de faire signe vers un dedans qui se dérobe ; on sera toujours de ce côté séparé des choses et la façade nous regarde regarder cela, et se tait. On se tient du côté du silence, de la ville qui hurle et passe sous l’immobilité butée de la façade.
Mais la façade n’est qu’une façade : un masque que la ville prend pour exhiber ce qui se retire — ce n’est qu’une façade, et la façade pourtant dit tant, sous les mots retenus, de ce qu’une façade n’osera jamais dire. Ces visages tenus à bout de bras des pierres, ces manières d’autrefois, ces grimaces que frappe le soleil ou qui ne voient jamais le jour, ces entrailles qui sont la peau : les artères qui les longent n’irriguent que leur indifférence dont nous sommes complices.
Au-dedans des façades muettes, tous les cris, leurs peurs, les femmes affolées sous les coups d’un homme ivre mort, les enfants qui refusent de dormir, les romans qui ne s’écrivent pas, les rêves qu’on faits pour mieux les oublier, le ciel qui frôle tout cela dans un grand bruit d’aile froissée, l’après-midi par-dessus l’avenue de Toulon qui aurait pu avoir lieu et n’aura fait que passer.
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