Marseille | nord sud est ouest

La ville en tournant sur soi-même comme si on la répandait à mesure de la ronde qu’on dessinerait dans l’espace, elle est là : à aucun endroit semblable à elle-même, construite en dépit du bon sens et littéralement et dans tous les sens inventant ses façons de se faire et de se laisser voir, et sur tout cela, une couleur diffuse, comme latente, posée sur elle, miroitée, miroitante : puis, on réalise que de la ville, on ne voit que, d’ici, la ville étale et seulement elle, aucune rue, rien qui pourrait la suturer, la relier, l’irriguer, ville corps dont le sang est à l’intérieur des entrailles — là-dessus, le vent qu’on ne peut pas imaginer et qui la tient serrée contre elle-même, la mer tout près qui pourrait d’un seul geste tout recouvrir, mais qui ne le fait pas, on ne sait pas pourquoi, peut-être par tendresse, ou pour la cruauté de laisser planer le doute jusqu’à la fin des temps.