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William Blake | « Nuit »

dimanche 18 août 2013

Traduction personnelle des Chants d’innocence
— ici le sommaire des poèmes
— là les carnets de la traduction


Le soleil descend dans l’ouest,
Les étoiles du soir brillent,
Les oiseaux font silence dans leur nid,
Et moi je recherche le mien.

La lune, cette fleur,
Dans le ciel, tendue haute comme une tonnelle,
Silencieuse et ravie,
S’est assise et sourit dans la nuit.

Adieu, champs verts et joyeuses pousses,
Où les troupeaux s’étendent avec plaisir,
Où les agneaux paissent, ici et là en silence,
Vont les pieds d’anges étincelants.

Invisibles, ils répandent grâce,
Et joie sans cesse,
Sur chaque abeille et chaque fleur,
Et chaque corps endormi.

Ils regardent dans chaque nid oublié,
Où les oiseaux reposent, douillets,
Ils visitent les grottes de chaque bête,
Pour les protéger des blessures.

S’ils voient des pleurs
Qu’un sommeil saurait effacer,
Ils répandent le sommeil sur ces têtes,
Et demeurent assis auprès de leur lit.

Quand les loups et les tigres hurlent après leur proie,
Ils la prennent en pitié et pleurent,
Cherchent à détourner leur faim,
Et les tiennent éloignés du troupeau.

Mais, si ces bêtes se précipitent, affreux,
Les anges, des plus attentifs,
Accueillent chaque esprit doux,
Héritiers des nouveaux mondes.

Et alors, de l’œil rouge du lion
Coulera un flot de larmes d’or,
Et, en compassion pour les cris tendres,
Il contournera l’enclos.

Et dira : « La colère, par Sa douceur,
Et, par Sa force, la maladie,
Sont chassées, et changent leurs cours,
Éternellement.

Et désormais, auprès de vous, bêlants agneaux,
Je puis m’allonger et dormir,
Ou, à Sa pensée, lui qui porte votre nom,
Paître après vous, et pleurer.

Car, lavé à la rivière de la vie,
Ma crinière resplendissante pour toujours,
Brillera comme de l’or,
Tandis que je serai le gardien du troupeau. »

 [1]


Portfolio

[1 Night

The sun descending in the West, 
The evening star does shine ; 
The birds are silent in their nest, 
And I must seek for mine. 
 
The moon, like a flower 
 In heaven’s high bower, 
 With silent delight, 
 Sits and smiles on the night.

Farewell, green fields and happy groves, 
Where flocks have took delight, 
Where lambs have nibbled, silent moves 
The feet of angels bright ; 
 
Unseen, they pour blessing, 
 And joy without ceasing, 
 On each bud and blossom, 
 And each sleeping bosom.

They look in every thoughtless nest 
Where birds are covered warm ; 
They visit caves of every beast, 
To keep them all from harm :

If they see any weeping 
 That should have been sleeping, 
 They pour sleep on their head, 
 And sit down by their bed.

When wolves and tigers howl for prey, 
They pitying stand and weep ; 
Seeking to drive their thirst away, 
And keep them from the sheep. 

 But, if they rush dreadful, 
 The angels, most heedful, 
 Receive each mild spirit, 
 New worlds to inherit.

And there the lion’s ruddy eyes 
Shall flow with tears of gold : 
And pitying the tender cries, 
And walking round the fold : 
 
 Saying : ’Wrath by His meekness, 
 And, by His health, sickness, 
 Is driven away 
 From our immortal day.

’And now beside thee, bleating lamb, 
I can lie down and sleep, 
Or think on Him who bore thy name, 
Graze after thee, and weep. 

 For, washed in life’s river, 
 My bright mane for ever 
 Shall shine like the gold, 
 As I guard o’er the fold.’