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Georges Bataille | Une vie, une œuvre, de Françoise Estèbe et Julie Beressi, 2012

mardi 21 novembre 2017

Émission Une vie, une œuvre, du dimanche 16 juin 2012, « Georges Bataille (1897-1962) : La vérité de la nuit », par Françoise Estèbe et Julie Beressi.



Présentation par Françoise Estèbe

« J’écris pour qui, entrant dans mon livre, y tomberait comme dans un trou, n’en sortirait plus » déclara Georges Bataille à propos de son ouvrage L’Expérience intérieure. Il souhaitera aussi être vomi par ses lecteurs. En effet, la lecture de Bataille est pour certains une expérience commotionnante. Cette oeuvre prolifique, hautement transgressive et profanatrice, qui renverse toutes les valeurs, provoque l’horreur par bien des aspects. Masquée par des pseudonymes multiples, elle fut longtemps classée dans l’enfer des bibliothèques. "Tout voir, tout penser, ne rien éluder" tel était le propos de Bataille.

Mais l’auteur des récits sulfureux Histoire de l’œil, Madame Edwarda, Ma mère... fut aussi un savant, un esprit encyclopédique qui écrivit d’innombrables articles et essais dans des registres aussi divers que l’anthropologie, l’histoire, la politique, l’art... Révolutionnaire sans révolution, mystique sans Dieu, Georges Bataille prôna une philosophie paradoxale qui revendiquait l’excès, l’égarement, le désordre paroxystique, la liberté sans limites afin d’acquérir dans la transe la souveraine disposition de soi qui confine à la folie. Et ne rien penser que l’on n’expérimente. Bataille cherchait l’extase ultime, le point de bascule vers l’impossible. Se disant durablement "détraqué" par l’horreur vécue dans son enfance, il restera toute sa vie tenté par la folie et les expériences extrêmes comme la société secrète d’Acéphale et ses rites incertains dans les nuits de la forêt de Marly. Celui qui voulait mettre la vie à la hauteur de l’impossible ne demeura pas un esprit solitaire. Il dialogua avec les plus grands intellectuels de son temps, prit part aux débats majeurs de son époque, créant, entre osmose amicale et ruptures, des revues et des communautés de pensée. Il pourfendit avec constance le Surréalisme, trop idéaliste à ses yeux, ainsi que le Communisme et le Fascisme, qu’il fut un des premiers à dénoncer et à penser. Anarchiste militant sans conviction pour une révolution incertaine qu’il dénonçait par avance comme inopérante, il suscita par ses attitudes paradoxales des détracteurs dans tous les camps politiques.

Son œuvre ne finit pas de dévoiler ses potentialités mais reste énigmatique, sans conclusion possible. Qui peut prétendre connaitre la "vérité de la nuit" de Georges Bataille ?


Avec :
— Bruno Mathon , peintre
— Odile Felgine , écrivain, biographe de Roger Caillois
— Jean-François Louette , Professeur de littérature française à la Sorbonne, responsable de l’édition des récits de Bataille dans la Pléiade
— Diego Masson , qui évoquera des souvenirs concernant Bataille
— Francis Marmande , écrivain, critique, musicien, auteur de l’ouvrage Le pur bonheur Georges Bataille, Ed. Lignes
— Michel Surya , écrivain, philosophe, éditeur, auteur de La mort à l’œuvre Georges Bataille, Ed. Gallimard

Et la voix de Georges Bataille Archives INA

Textes lus par Quentin Baillot