arnaud maïsetti | carnets

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persistance rétinienne

mercredi 20 janvier 2010


« Si
l’œil qui regarde l’étoile
se tourne
rapidement
de la partie opposée,
il lui semblera que cette étoile
se compose
en une ligne courbe enflammée.
Et cela arrive
parce que l’œil
réserve,
pendant un certain espace,
la similitude de la chose qui brille
et parce que
cette impression de l’éclat
de l’étoile
persiste
plus longtemps dans la pupille
que n’a fait le temps
de son mouvement. »

Léonard de Vinci


Sur le dos de la main, j’ai cette plaie qui ne cicatrice pas : qui brûle encore alors que j’ai perdu le souvenir de ce qui l’a causée. De même : de l’année qui est passée, ne garder que les douleurs, et aucun souvenir.

Sur la surface de l’œil, il y a cette lente traînée de jour qui demeure et se pose le plus cruellement possible sur la vitre dont la pluie a révélé la saleté. De même : des jours à venir, des tâches impossibles qui s’annoncent, ne conserver que ce qui pourra laisser traces à la lumière, seulement ce qui pourra engendrer de la fatigue, la bonne fatigue, celle qui épuise le corps contre la vie traversée, éprouvée plus que vécue.

Sur le lit défait, des pages arrachées, des livres abîmés à force d’être lus. De même : de l’importance des choses, ne tenir pour acquis que ce qui s’est frotté à l’incompréhensible, à l’inatteignable, à l’impossible creuset entre soi et le désir de soi — qui persiste.