arnaud maïsetti | carnets

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d’en haut

jeudi 11 février 2010

D’en haut, on verrait la route seule plonger ses mains dans la mer, partir. On suivrait des yeux sa ligne comme au ciel les dépôts blancs des avions qui dessinent leur direction, en arrière.

On marcherait par la pensée en se faufilant entre la forêt et on laisserait toutes les villes dans le dos ; on se dépouillerait de tout ce qui leste, dettes des colères, trahisons en conscience, terreurs sans image de la vie sociale ; on irait là où la route continue.

On passerait un moment dans l’ombre ; fatalement on finirait par se perdre de vue à marcher longtemps en soi — au bout d’un moment, on perdrait même l’idée d’aller. Ne resterait qu’une seule pensée : avancer, et sous le pas rejeter chaque seconde loin dans le dos.

Mais on n’arriverait jamais quelque part : de là haut, je peux voir la mer commencer, ou finir — comment savoir. Quant à la route, je ne sais pas : nulle part elle se termine. Elle doit s’arrêter quelque part dans la forêt, s’enfoncer.

D’en haut, je vois le point d’impact du sol sur mon corps, et la route qui se dégage.