arnaud maïsetti | carnets

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effacements

dimanche 4 avril 2010

Effacements successifs qui produisent — par transparence (ou opacité) — des mots illisibles : mais écriture exhibée comme telle, déchirée à coups d’averses, ruines édifiées hautes par tout ce qui voudrait l’annuler.

Au coin de la rue, effacements sur chaque façade : je m’arrête pour lire ce que je ne peux déchiffrer. Ainsi dans les métros, combien j’ai toujours été fasciné par ces colleurs d’affiches qui tendent à toute vitesse les quatre par trois en appliquant leur colle et le papier de bas en haut, de gauche à droite, et toute la précision maladroite de leur travail réside dans les sutures entre deux bandes d’image : est-ce qu’on ne fait pas autre chose, nous autres ? Et je ne parle pas seulement d’écriture : mais rendre possible les liaisons entre les êtres, entre les jours, entre soi et soi-même.

Effacements irréductibles de chaque lettre qui laisse voir dans sa disparition (jamais totale, jamais définitive) l’autre lettre qu’elle a jadis recouverte et qui refait surface, protégée par l’exposition de la seconde. Secondarité des lettres qui forment le tissu de ma vie, hier : effacement prochain du jour suivant derrière laquelle je suis sans force ; effacements de tous les jours passés à les écrire, suturer leurs plaies : villes écrites avec les ongles de la pluie.