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frontières ; aubes

lundi 12 avril 2010

Moments de respiration avant de nouveau. Passer quelques jours où lire seulement, parce que — et prendre note sur feuilles volantes des plans de bataille pour les prochaines semaines : pensées à Grouchy, à Blücher, prince de Wahlstat : aux retards toujours sur le compte juste des heures qui font pencher le sort des victoires.

C’est il y a deux jours que ma montre, arrêtée depuis un mois (mais montre que je continue de porter peut-être moins par habitude que par superstition) s’est remise en route : ainsi. D’abord lentement, perdant chaque heure quelques minutes, et puis reprenant l’allure, se faisant de plus en plus ajustée : maintenant, au poignet, le temps tombe juste aux horloges des gares — mais chaque matin, je jette un œil ; peur de l’arrêt définitif après la reprise trop forte. Elle tient bon, semble-t-il.

À la Bataille de Hohenlinden, on raconte que sur le sol gelé on entendait le bruit des corps craqués sous les armes, et que le soir la brume devint épaisse des soupirs des cadavres — quand le lendemain, nouveau jour sur un nouvel Empire : paix signée à l’aube alors qu’on n’a pas encore dépouillé les corps gisants. Nouvelles frontières — nouvelles marques tracées en prévision des prochains assauts.

L’heure au poignet réglée fermement au cadran solaire intérieur, je n’ai pas d’autres armes, n’aurai pas d’autres comptes à rendre aux premiers jours du printemps — aux frontières dessinées, pas d’autres forces à élever mais aussi sûres d’elles que le rideau de buée des morts du douze frimaire an neuf.