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Jrnl | Près du passé luisant

[24•01•23]

mardi 24 janvier 2023


Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
Près du passé luisant demain est incolore.

Guillaume Apollinaire, « Cortège » (Alcool)


Si tout le monde regarde la même chose, personne ne voit tout à fait le même ciel, le même soleil perdu déjà dans l’indéchiffrable soir, le même enfant qui disparaît derrière ses larmes qu’il refuse de verser, le même monde enfoncé dans la gorge et qu’il est impossible de cracher — personne —, mais quand les nuages sont chassés par le vent le plus froid du monde, que l’enfant s’enferme dans sa colère, que la réalité s’effondre, tout le monde sait bien qu’il ne restera rien de tout cela que quelques regrets, et beaucoup de solitude.

Deux heures de lecture le soir jusqu’à l’épuisement, et au-delà, deux heures jusqu’à ce que les mots se confondent, se perdent, que le rêve vienne mordre sur les images surgies du texte et que dans cette lutte à mort, rien ne se dépose, que tout s’efface — deux heures, deux heures seulement, il n’y a plus personne après.

« La mort : on s’endort, on meurt et quelqu’un nous trouve. » — c’est aussi une définition possible de l’écriture, de l’enfance, de la foi, de ce qui terrasse tout cela sans mot.