Et au matin, dans le train qui m’emmenait, le jour a fini par se faire : s’établir, défaire dans la même temps ses possibilités — défaire en moi le nœud coulant du jour précédent.
Et tout autour, terre de désastre : la plaine qui défilait au-dehors sous l’allongement du train a battu en retraite les colères, vaines, éteintes sous le jour qui commençait. C’était le matin qui se faisait sans durée, sans imminence, dans l’après-coup du jour : dans le déjà-là partout répandu en désordre.
Défaite — affaissement (...)
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_nuit
Articles
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défaites
25 mars 2010, par arnaud maïsetti -
canal saint-martin
5 décembre 2009, par arnaud maïsettià hauteur de pavés, la ville à plat me semble comme posée sur une plaque mouvante, et chaque geste que je pourrais faire risquerait de la déplacer, à gauche ou à droite, ou la renverser. alors, je ne bouge pas, je ne respire plus, je ne pense même pas : je regarde.
la pluie tombe plus lentement, plus lourdement ; le noir qui descend pour entourer les réverbères, s’il me voyait, pourrait m’absorber, mais il ne m’a pas encore aperçu, caché derrière les derniers pavés du canal saint-martin, et je peux (...) -
Quand la nuit vient | Le sommeil #1
18 mai 2019, par arnaud maïsettitoujours c’est aux carnages qu’il pensait avant de s’endormir
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Dakar Nuit, sur des photographies d’Ulrich Lebeuf | Charlotte Sometimes
19 mai 2017, par arnaud maïsettiRécit
Charlotte Sometimes
Mai 2017 -
à cette heure qui n’en est pas une
31 décembre 2010, par arnaud maïsettiTimewatching (The Divine Comedy, ’A Short album about love’, 1997)
LE MONSIEUR. - On peut toujours dérailler, jeune homme, oui, maintenant je sais que n’importe qui peut dérailler, n’importe quand. Moi qui suis un vieil homme, moi qui croyais connaître le monde et la vie aussi bien que ma cuisine, patatras, me voici hors du monde, à cette heure qui n’en est pas une, sous une lumière étrangère, avec surtout l’inquiétude de ce qui se passera quand les lumières ordinaires se rallumeront, et que le premier (...) -
Maison de vitres encore ruisselante (mes visages défaits)
26 juin 2012, par arnaud maïsettiDans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images.
Rimb.
Perdu ma journée, mais où. Pas ici, en tout cas ; je cherche. C’est chaque minute l’urgence du travail à faire, à produire — et chaque phrase arrachée est une pierre, elle recouvre tout un monde, des fourmis qui grouillent, des cités immenses qu’il faut explorer : plonger la main jusqu’au coude dans la terre, en ressortir lavé comme d’épuisement.
Et le matin, recommencer, jusqu’au (...) -
autoportraits
21 décembre 2009, par arnaud maïsettiOmbre portée de soi — à bout de bras sans doute — par les murs qui dressent la ville de froid tout autour. Ombre à distance de toute reconnaissance et dont la lumière du soir seule détient les lois de l’écart, de la hauteur, de la profondeur peut-être.
Sur la surface d’un miroir, on ne reconnaît de son visage que ce qui fait défaut : c’est qu’on se heurte toujours au plein des formes, jamais au visage extérieur qui est celui de son rêve.
Alors, je choisis au hasard les murs et place mon corps en travers (...) -
monocordes
28 février 2011, par arnaud maïsettiAdagio For TRON (Daft Punk, ’Tron : Legacy’, 2010)
MONOCORDE (mo-no-kor-d’) s. m.
1° Terme de musique dans l’antiquité. Instrument à une seule corde, en usage chez les Grecs, qui en jouaient en promenant sous la corde un chevalet mobile et pinçant la partie libre.
2° Instrument sur lequel il y a une seule corde tendue et divisée suivant certaines proportions pour connaître les différents intervalles des tons. Les monocordes, appelés aussi clavicordes.... sont fort agréables quand on les joue tout (...) -
fonds obscurs des contes ancestraux
7 janvier 2012, par arnaud maïsetti« puis il retourna à son ouvrage comme si de rien n’était » : c’est là une phrase que nous citons souvent, venue, semble-t-il, d’un fonds obscur de contes ancestraux et qui peut-être ne se trouve dans aucun.
Kafka, aphorisme 108. Jamais plus que ces derniers jours je n’avais ressenti le besoin de la lumière – évidemment, c’est parce que j’en suis privé. Je compte sur les doigts d’aucune main les fois où j’ai vu le soleil, en deux semaines. Question de circonstances, de manque de chance ? Peut-être. On me (...) -
Georges Bataille, entretien 1951 | Qui êtes-vous ? #2
20 avril 2015, par arnaud maïsettije ne suis pas devenu Sioux
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à l’aveugle
1er juin 2010, par arnaud maïsettiSo Blind (The Ladybug Transistor, "Can’t Wait Another Day" (2007)
So blind, so blind, so blind, i pray That maybe for a little while you won’t stray. Il est entré dans le métro et on s’est tous levé dans la rame pour lui laisser notre place ; il préfère rester debout, le dit tranquillement — mais c’est comme de force qu’on l’assoit, devant moi. Il accepte, avec le même sourire, voilé, passé. Il ne porte pas de lunettes et on voit à travers ses yeux blancs une sorte d’impassibilité sereine, inaccessible (...) -
et dépêchez, chevaux de leur âme (déjà voici que la nuit tombe)
13 décembre 2012, par arnaud maïsetticomme fjord le tournemoiement le carnaval la couleur des heures je ne ressasserais que cela
Kateri Lemmens, Quelques éclats Le froid plus vif, qui rend la marche plus rapide, comme avancer dans une épaisseur invisible, mouvante : partout. Du manège comme image de ces jours : oui — n’avoir le temps à rien, sauter d’une heure à l’autre, toujours penser à l’heure suivante et au passage du temps ne rien garder que la fatigue ; et pourtant dormir si tard (se lever si tard) : le jour est court, mais sa (...) -
dans l’état de l’apparition
30 septembre 2010, par arnaud maïsettiAtrocities (Antony & The Johnsons, ’Antony & The Johnsons’, 2004)
Je vous ai dit aussi qu’il fallait écrire sans correction, pas forcément vite, à toute allure, non, mais selon soi et selon le moment qu’on traverse, soi, à ce moment-là, jeter l’écriture au-dehors, la maltraiter presque, oui, la maltraiter, ne rien enlever de sa masse inutile, rien, la laisser entière avec le reste, ne rien assagir, ni vitesse ni lenteur, laisser tout dans l’état de l’apparition.
Marguerite Duras, Émily L. (...) -
tremblée de la ville parallèle
16 avril 2013, par arnaud maïsettiville d’avray, c’est tout droit
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Le Client #17 | « Et vous, ne m’avez-vous rien, dans la nuit, »
16 août 2013dans l’obscurité si profonde
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vies de la Sibylle de Panzoust
6 septembre 2010, par arnaud maïsettiRed Dawn Rising (Birdy Nam Nam, ’Manual for Successful Rioting’, 2009) Entendez ma conception : On m’a dict que à Panzoust près le Croulay, est une Sibylle tresinsigne, laquelle praedict toutes choses futures : prenez Epistemon de compaignie, & vous transportez devers elle, & oyez de ce que vous dira. François Rabelais, Le Tiers-Livre Traque le matin quand il se dérobe ; pas de petit profit, on prendra ce qu’il faut — éventrer le moment où le jour décline (tâcher de trouver le ventre de (...)
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devenir mon propre corps (songer)
8 novembre 2012, par arnaud maïsetti— Ah songer est indigne Puisque c’est pure perte ! Et si je redeviens Le voyageur ancien Jamais l’auberge verte Ne peut bien m’être ouverte.
A. Rimb. (Comédie de la soif) Le dehors partout, maintenant — maintenant qu’il n’y a plus de voiture, maintenant qu’il fait presque froid (mais pas encore celui qui transperce), maintenant surtout qu’il est trop fatigué pour dormir, en soi, et qu’on traînera quoi qu’on fasse cette fatigue demain tout le jour, c’est trop tard pour la conjurer, dormir maintenant ou (...) -
puisque le désespoir ne tient pas de journal
12 août 2018, par arnaud maïsettiToutes les couleurs disparaissent dans la nuit, et le désespoir ne tient pas de journal.
Annie Le Brun, Les châteaux de la subversion (1982) Bob Dylan, The Night We Called it a Day
La nuit tombait avant-hier sur toutes les choses mortes, et nous en faisions partie.
C’était peut-être l’époque qui voulait cela : que sur toutes choses elle allait proclamant la fin, moins pour qu’on les regrette que pour les voir, enfin : et on les voyait, enfin, ces choses mourantes qui se jetaient sur nous sans (...) -
entre deux éclats
4 octobre 2013, par arnaud maïsettiimages du ciel d’orage
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Le Client #18 (et fin) | « Alors, »
17 août 2013arme