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Koltès | Bob Marley : « le jour où le grand maître du reggae est mort »
jeudi 12 mai 2011
note du 11 mai 2017 : il y a 36 ans, Bob Marley mourrait à 36 ans
Première publication ici le 11 mai 2011
Lettre de Bernard-Marie Koltès à sa mère, de New York, le 18 mai 1981
Ma petite maman,
Je ne reçois déjà plus de nouvelles de toi depuis un certain temps - je suppose que les postes américaines sont très capricieuses - mais je t’adresse quand même celle-ci chez Geneviève, au cas où tu y serais encore.
Je suis toujours aussi bien à New York. Maintenant, j’y ai plusieurs amis, ce qui me permet de connaître un peu plus en profondeur. C’est toujours aussi fou, mais c’est un rythme qui me convient très bien, et je n’ai pas l’impression que je m’en lasserai si vite...
Je t’ai déjà parlé du Reggae, cette musique de la Jamaïque qui est un peu « mystique » - je t’ai même fait entendre une fois un morceau chez moi, l’homme qui chantait au bord de la mer [1] Ici, c’est le paradis de cette musique, et je m’en remplis les oreilles et le coeur. J’ai été à deux concerts, qui durent toute la nuit jusqu’au petit matin. Et le jour où le grand maître du Reggae, Bob Marley (as-tu entendu parler de lui ?) est mort, il y a eu une grande manifestation à Harlem, où je suis allé. Ma petite famille de Sarcelles aurait été folle de joie de voir cela.
Sinon, je trouve que New York n’est pas plus dangereuse que Paris, même la nuit (sauf certains quartiers bien sûr qu’il faut éviter). Mais les américains sont très trouillards, et ils se barricadent littéralement chez eux ! La vie de la nuit est pourtant fantastique, pas seulement du côté de la 42è Rue ! Qui ressemble un peu trop à Pigalle, mais vers le bas de la ville, dans le West Side. Je trouve quand même le temps de travailler un peu, mais je tâche surtout de prendre le temps de regarder et de me souvenir.
J’arrive déjà à la moitié de mon séjour ! Je ne vois pas le temps passer.
Dans un mois on se revoit.
Je t’embrasse, très fort.
High Tide, or Low Tide (Bob Marley & The Wailers)