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Lieu | point-virgule #1
dimanche 18 décembre 2016
Atelier d’écriture proposé par François Bon sur le Tiers Livre – Cycle d’hiver sur le lieu.
— Présentation du cycle
Première proposition à partir d’un dispositif syntaxique, et d’une position de regard, rapport d’échelle et de saisie. Pour moi, cette saisie est celle d’un recul et d’un ensemble : d’un lieu neuf que j’apprends à voir, à habiter, à peupler.
[/Pointe Rouge/]
lieu d’où la voit la ville ; toute la ville comme un point précis tenu à distance : ciels, toits, collines qui forment cette ville que je vois d’ici maintenant, Marseille comme un point rassemblé depuis là offert comme un ventre ouvert ; de ce lieu, ville qui s’ébat sans savoir que je vois tout ; lieu qui est à la ville même son point de vue le plus lointain, secret, volé ; lieu des déchirures, cet endroit précis où la mer se retire ; où elle vient ; où elle espace le ciel de ce qui l’arrache à moi ; lieu que j’habite désormais : d’un désormais qui s’ouvre devant moi comme un tiret dans la phrase sans verbe ; lieu à la pointe d’un lieu possible ; lieu qui s’appelle Pointe Rouge à cause du ciel le soir à l’automne quand tout s’achève et qu’ici commence une autre vie ; lieu terminal du pays, plus au sud rien d’autre que des traces de pas effacés dans le sable ; lieu des pas effacés ; où ce qui se voit s’absorbe depuis ce point de vue, comme par exemple : la situation historique ; lieu des situations historiques qui s’envisagent depuis ce recul ; lieu du recul : lieu exact où si je recule encore, je tombe dans la mer ; lieu où la mer tombe dans la mer ; lieu des chutes comme d’un vêtement trop grand qu’on déchire avec les dents ; lieu des chutes comme de l’histoire à nos pieds ; et d’ici, d’où je vois non plus la ville, mais l’endroit d’où la ville bat sans moi son rythme fatal, lieu d’où je suis désormais loin, où s’avance autre chose que j’ignore et qu’il faudrait rejoindre, désormais