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William Blake | « Le Petit Garçon Noir »
samedi 6 juillet 2013
Traduction personnelle des Chant d’innocence
— ici le sommaire des poèmes
— là les carnets de la traduction
Et je suis noir, mais ô ! mon âme est blanche ;
Blanche comme l’ange est l’enfant d’Angleterre,
Mais je suis noir comme endeuillé de lumière
Ma mère m’enseignait la vie sous l’ombre d’un arbre,
Assise, bien avant les chaleurs du jour,
Moi sur ses genoux, elle qui m’embrassait,
Et désignant l’Est, disait :
« Regarde où le soleil se lève : c’est là que vit Dieu
Et donne sa lumière, et répand sa chaleur,
Et les fleurs et les arbres et les bêtes et les hommes reçoivent
Réconfort à l’aube, joie au midi.
Et nous sommes sur terre l’espace d’un bref instant,
Afin d’apprendre à recevoir les rayons de l’amour,
Et ces corps noirs et ce visages brûlé de soleil
Ne sont que nuages, et comme bosquet d’ombres.
Et quand nos âmes sauront recevoir cette chaleur,
Le nuage se dissipera, nous entendrons sa voix,
Qui dira : « Sortez de ce bosquet, mes doux amours,
Et entourez ma tente d’or, réjouis comme des agneaux. »
Ainsi parlait ma mère, et ainsi m’embrassait-elle,
Et ainsi dirai-je au petit garçon anglais,
Lorsque, libérés, moi du nuage noir et lui du nuage blanc,
Nous entourerons la tente de Dieu comme des agneaux, de joie :
Je lui ferai de l’ombre jusqu’à ce qu’il puisse
Reposer plein de joie sur les genoux de notre père,
Et puis je me lèverai et caresserai ses cheveux d’argent,
Et serai tout comme lui, et alors il m’aimera.
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