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William Blake | « Sur le chagrin d’un autre »

samedi 25 avril 2020

Traduction personnelle des Chants d’innocence
— ici le sommaire des poèmes
— là les carnets de la traduction


Suis-je capable devant le malheur d’un autre,
De ne pas être terrassé moi aussi par le chagrin ?
Suis-je capable devant la douleur d’un autre,
De ne pas chercher à la soulager ?

Suis-je capable devant la larme tombée,
De ne pas me mêler à sa tristesse ?
Un père est-il capable de voir son enfant
Pleurer, sans déborder de chagrin ?

Une mère est-elle capable de demeurer, impassible, face
Au gémissement d’enfant, à la terreur d’enfant ?
Non, non, cela ne se peut pas,
Jamais, jamais ne le sera.

Alors est-Il capable, Celui qui sourit à tous
D’entendre les chagrins légers du jeune passereau,
D’entendre la douleur et les peines du jeune oiseau,
D’entendre les malheurs que ces êtres transpercent

Et de ne pas s’asseoir aux côtés du nid,
Verser sa pitié en leur sein,
Et de pas s’asseoir auprès du berceau,
Verser ses larmes sur les larmes du nourrisson ?

Et de ne pas rester et le jour et la nuit,
Sécher toutes nos larmes ?
Non, non, cela ne se peut pas
Jamais, jamais ne le sera.

Oui, il donne Sa joie à tous
Il devient le jeune oiseau
Il devient l’homme de douleur
Oui, il éprouve aussi la chagrin

Penses-tu pouvoir soupirer un soupir
Sans que ton Créateur ne soit auprès,
Penses-tu pouvoir verser une larme
Sans que ton Créateur ne soit à tes côtés

Ô, Il nous donne Sa joie,
Afin de détruire ton chagrin,
Jusqu’à ce que notre chagrin s’enfuit et s’efface,
Oui, il s’assoie à côté de nous et avec nous il pleure.

 [1]


[1On Another’s Sorrow

Can I see another’s woe,
And not be in sorrow too ?
Can I see another’s grief,
And not seek for kind relief ?

Can I see a falling tear,
And not feel my sorrow’s share ?
Can a father see his child
Weep, nor be with sorrow filled ?

Can a mother sit and hear
An infant groan, an infant fear ?
No, no ! never can it be !
Never, never can it be !

And can He who smiles on all
Hear the wren with sorrows small,
Hear the small bird’s grief and care,
Hear the woes that infants bear -

And not sit beside the nest,
Pouring pity in their breast,
And not sit the cradle near,
Weeping tear on infant’s tear ?

And not sit both night and day,
Wiping all our tears away ?
O no ! never can it be !
Never, never can it be !

He doth give His joy to all :
He becomes an infant small,
He becomes a man of woe,
He doth feel the sorrow too.

Think not thou canst sigh a sigh,
And thy Maker is not by :
Think not thou canst weep a tear,
And thy Maker is not near.

O He gives to us His joy,
That our grief He may destroy :
Till our grief is fled and gone
He doth sit by us and moan.
Can I see another’s woe,
And not be in sorrow too ?
Can I see another’s grief,
And not seek for kind relief ?

Can I see a falling tear,
And not feel my sorrow’s share ?
Can a father see his child
Weep, nor be with sorrow filled ?

Can a mother sit and hear
An infant groan, an infant fear ?
No, no ! never can it be !
Never, never can it be !

And can He who smiles on all
Hear the wren with sorrows small,
Hear the small bird’s grief and care,
Hear the woes that infants bear -

And not sit beside the nest,
Pouring pity in their breast,
And not sit the cradle near,
Weeping tear on infant’s tear ?

And not sit both night and day,
Wiping all our tears away ?
O no ! never can it be !
Never, never can it be !

He doth give His joy to all :
He becomes an infant small,
He becomes a man of woe,
He doth feel the sorrow too.

Think not thou canst sigh a sigh,
And thy Maker is not by :
Think not thou canst weep a tear,
And thy Maker is not near.

O He gives to us His joy,
That our grief He may destroy :
Till our grief is fled and gone
He doth sit by us and moan.