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le buste au livre
mercredi 28 août 2013
Place Saint-Georges, Paris – un buste, qui lit. Le même livre peut-être, la page est dense, elle est en pierre. L’homme qui lit lentement, lit. On ne sait pas qui c’est [1]. Il lit toute la vie durant.
Tourner autour de l’homme qui lit ne le met guère en mouvement. On devine peu ce qu’il lit, aux fronts, aux yeux, aux plis du visage immuable. On sait qu’il lit à cause du livre, c’est tout. Le livre est tenu à pleine main, et lui, regarde-t-il ce qu’il lit (à force, il sait ce qu’il y a sur la page, le grain de la pierre.)
Sous le buste, une fontaine construite pour les chevaux. L’homme a ainsi lu sous la soif des chevaux, avant que les chevaux n’aient plus soif (qu’a-t-on fait de tous ces chevaux et de leur soif ? L’homme qui lit le sait peut-être, le livre qu’il lit raconte (peut-être) le devenir des chevaux et de la soif.) Il y a maintenant des grilles autour de la fontaine tarie.
Dans le métro, on en voit, ces butes qui lisent. On ne voit que leur visage lisant, on ne sait pas les mots dans le crâne qui volent, les mondes qui viennent. (Cette dame qui lisait Dans la Solitude l’autre jour, est-ce qu’elle lisait vraiment les mots, et comment ces mots pouvaient-ils se lire dans le métro, comment le métro affectait les mots, je ne le saurai pas). Pendant tout ce temps, le buste aussi lit.
L’homme qui lit écrit peut-être, il dessine il grave il annote, on ne saura pas : je dis qu’il lit et je l’aime lisant et je le déteste tant, lisant.
On aurait envie de lui jeter des pierres pour qu’il lâche son livre, un jour, une heure, qu’il vienne, en bas, pour voir.