C’est aller d’une nuit à l’autre sans avoir l’impression de passer par le jour – ou comme dans les trains, sensation de ne faire que longer le monde, une ville laissée à côté de soi après l’autre, et le ciel coulissant contre soi, parfois l’accrocher du coin de l’œil pour l’interroger, prendre le silence pour une réponse et l’écrire.
C’est se pencher sur une table d’orientation effacée et poser les mains sur elle pour la consoler ; c’est voir la terre mordre vers la ville et ne pas s’en saisir ; c’est vouloir (...)
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_villes
Articles
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Cette nuit en longueur me semble sans pareille
23 mai 2015, par arnaud maïsetti -
reflections
26 mai 2010, par arnaud maïsettiReflections (Thelonious Monk, "Thelonious Alone in San Francisco") On marcherait sur les reflets de la ville dont on brouillerait l’écume, ville qu’on piétinerait en même temps que notre visage — il n’y a pas de honte. On dessinerait avec tout notre poids les rides et les creux qui disent l’âge mieux que les années —
et on y mêlerait, en fredonnant un vieil air de jazz sans mélodie, des crachats d’enfant dans l’illusion reflétée du ciel auquel on ne croit pas une seconde, et dont on échangerait pour le (...) -
enfer de la soif (partir)
16 avril 2011, par arnaud maïsettiPrends-y garde, ô ma vie absente !
Rimb.
« et le bruit neuf » : départ — rails, rides sur la main, toutes droites comme jamais le sont les départs ; et les affections : cette odeur de chaleur propre et ventilée des intérieurs (et pourquoi cette pensée sans douleur ni nostalgie, cette pensée toute là, immédiatement là quand j’entre dans le train, adressée à la brume de cendre qu’on traversait jadis dans les compartiments fumeurs du train vers Metz, l’odeur terrible du tabac sec jamais sorti d’ici, la (...) -
projets pour une vie future
7 septembre 2010, par arnaud maïsettiBookstore (Jon Brion ’Eternal Sunshine Of The Spotless Mind’ ) Et en rentrant seul chez lui, à cette heure où les conseils de la Sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit : « J’ai eu aujourd’hui, en rêve, trois domiciles où j’ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? » Baudelaire, Petit Poème en (...)
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entr’ouvert
11 février 2011, par arnaud maïsettiA Wolf At The Door (Radiohead, ’Hail To The Theif’, 2003) Je dévie. Le bon chemin passe par un fil qui n’est cependant pas tendu en hauteur mais ras du sol. ll semble plus destiné à faire trébucher qu’à être emprunté.
Franz Kafka (Journal, Cahier G., 19 octobre 1917)
Longtemps qu’au proverbe vieilli et de bon sens, celui qui veut qu’une porte soit ouverte ou fermée, j’oppose les aberrations intimes qui le démente : tout ce mouvement des choses autour de moi cette semaine (sans doute la suivante aussi) (...) -
canal saint-martin
5 décembre 2009, par arnaud maïsettià hauteur de pavés, la ville à plat me semble comme posée sur une plaque mouvante, et chaque geste que je pourrais faire risquerait de la déplacer, à gauche ou à droite, ou la renverser. alors, je ne bouge pas, je ne respire plus, je ne pense même pas : je regarde.
la pluie tombe plus lentement, plus lourdement ; le noir qui descend pour entourer les réverbères, s’il me voyait, pourrait m’absorber, mais il ne m’a pas encore aperçu, caché derrière les derniers pavés du canal saint-martin, et je peux (...) -
des écrans
24 septembre 2010, par arnaud maïsettiLay Your Head Down (Keren Ann, ’Keren Ann’ 2007)
C’est si dense, ici, tout, même le vide où l’on va, immensément étirée, malheureuse, présence entre l’indéfini et l’infini, d’abîme en abîme Cette densité est déjà une réponse. Ne m’en demandez pas trop, quoique loin de terre, je suis plus loin encore du centre. C’est pour cela qu’il est tentant de se faire des écrans, si transparents soient-ils. Mais comme j’abattrais les miens, si vous veniez enfin.
Henri Michaux, Face aux verrous (XII. L’Espace aux ombres)
En (...) -
sur les parois de mon ombre
8 décembre 2011, par arnaud maïsettiUne grande jetée de lumière sur toute la route d’Opéra jusqu’au Batignolles recommence à écrire en moi la possibilité de la lumière, de la route et de l’écriture – oui, la route quand elle n’obéit à aucune direction que moi-même marchant, traversant la profondeur des choses, l’intuition vive de la vitesse, l’angle de rue pris soudain dans sa violence peut-être, mais sans aucun reniement, l’évidence surtout imposée comme avant de tomber le saut, celui qui renoue, à quoi, à quelle origine posée devant moi ; la (...)
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le cri | Annie Rioux
2 octobre 2009, par arnaud maïsettiIl m’arrive souvent de tomber en rêve, quand pourtant je marche. C’est au lever du jour, alors que les carnets se répètent et se chargent de l’excédent du monde. Dans l’immolation, ce qui ne se dit pas. Le silence court, je note, l’intimité des choses qui est la mort, ce que dit Bataille - des faces battues dans les dédales du métro, le bruit des bracelets d’une femme en sursis, et l’homme mordu par l’insomnie, qui fixe l’arrondi de ma chaussure avant la marche. À descendre. À la remontée on se choque, se (...)
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ces enfants qui n’ont pas vu la lumière
19 juin 2011, par arnaud maïsetti« …alors j’aurais du repos, avec les rois et les conseillers de la terre qui se bâtissent des solitudes, ou avec les princes qui ont de l’or, qui ont rempli d’argent leurs maisons, ou bien, comme l’avorton ignoré, je n’existerais pas, comme ces enfants qui n’ont pas vu la lumière ; là, les méchants ont cessé leur tumulte, et là ceux dont les forces sont épuisées par la fatigue sont en repos ; les prisonniers demeurent ensemble tranquilles, ils n’entendent pas la voix de l’exacteur ; là sont le petit et le (...)
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dans les déchirures du ciel
31 août 2011, par arnaud maïsettiBlue Skies (Lady & Bird, ‘The Ballad of Lady & Bird’, 2003)
Blue skies are in the middle of a winter storm / While your blue eyes are looking at me like before
Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel
Blaise Cendrars (Prose du Transsibérien)
Parfois, la couleur passée des choses sur moi ; je pense : c’est ainsi que les choses meurent. Quand je ne me souviens plus d’un visage, je le remplace par un autre, que j’invente. Est-ce possible de faire cela avec sa (...) -
plongée (contre-plongée)
12 mai 2010, par arnaud maïsettiLe ciel en contre-plongé est toujours plus profond, et moins net, épars en gouttes de lumière mal diluées par le décor de la ville : et l’ombre sous moi se déverse pour combler le manque entre mes pieds sur le sol et tout le sol étendu devant.
PLONGÉE.1 (plon-jée) s. f. Augmentation de profondeur dans la mer. D’après quelques indications fournies par les sondages de M. Smyth, la même plongée abrupte s’observerait en dehors du détroit de Gibraltar, BABINET, Revue des Deux-Mondes, 1er déc. 1854, t. VIII, (...) -
La foule, les toits d’or (du jardin de la beauté, saccage)
18 juin 2012, par arnaud maïsettiToutes les femmes qui l’avaient connu furent assassinées. Quel saccage du jardin de la beauté ! Sous le sabre, elles le bénirent. Il n’en commanda point de nouvelles. — Les femmes réapparurent.
a.r.
Je suis à la fenêtre, c’est trois heures du matin, et je ne sais pas comment je me suis retrouvé là, au spectacle de cet apocalypse qui me laisse muet, larmes aux yeux qui coulent sur la vitre de la fenêtre à-demi fermée, bat dans le vent et pourrait m’emporter ; entre le moment où je me suis allongé sur le (...) -
Arthur Rimbaud | « Sur les passerelles de l’abîme »
4 décembre 2011, par arnaud maïsettiCe sont des villes !
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tendresses du bourreau
18 mai 2011, par arnaud maïsettiShadow Blues (Laura Veirs, ’Carbon Glacier’ 2004)
There’s a shadow beneath the sea There’s a shadow between you and me
Prends ma main camarade, j’aurai besoin de toi Et les tueurs de merveilleux courent toujours Arrêtez-les ! Arrêtez-les !
On voudrait discuter, il nous manque un relais, un maillon de la chaîne, ou une catapulte…
Invention ! Invention ! On invente un trésor et pas un dépotoir ; encore que dans l’ordure poussent des #fleurs sacrées…
Bertrand Cantat Nous n’avons que fuir (p. 48) (...) -
la Chartreuse
5 juillet 2010, par arnaud maïsettiLike Horses (Syd Matters, ’La Question Humaine (BO)’, 2007)
like houses like homes like leaving like shoes like running like fast like horses like trust like purses like horns like dancing like drowning with a stone in your pocket Quand je passe dans les allées vides, impossibles de cesser de penser au paysage qui me fait face si on lui retirait la surface du sol : et le nombre des corps étendus, et le spectacle sur des kilomètres.
Alors je rêve un peu autour de l’ordre établi sur ce (...) -
Anticipations [4] | publie.net
18 janvier 2013, par arnaud maïsettinouvelles
éditions Publie.net
réed. janvier 2013 -
Jrnl | Et tout le tremblement
9 mai 2023, par arnaud maïsettiMardi 9 mai 2023
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Avignon, rues sauvages
16 décembre 2010, par arnaud maïsetti17 photos et le nom d’Avignon dans son ombre déserte
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merveille du dehors (des jardins dans le mirage)
21 janvier 2013, par arnaud maïsettic’est la ville entière qu’ils nous avaient laissée, vide, et nous, au contraire : tout ce blanc qui emplit : de l’avoir espéré si différente ; et alors, quoi ? marcher un peu.
Devant la demeure, arrête-toi, pleure les ruines Interroge les vestiges « Où sont les bien-aimés ? par où partirent les chameaux ? Combien et combien de déserts parcourus ? »
Le froid quand il tombe ainsi, qu’il ne prévient pas (c’est faux, déjà vendredi soir : mais très vite samedi avait tout effacé, que de la boue partout, de la (...)