Lu (et plutôt vu) ce matin, terrifié, cette vidéo sur la Prison Valley, à Canon City, Colorado..
Si je remonte ce texte écrit à l’automne, c’est une manière d’y répondre : répondre aussi de ce mouvement qui m’a fait écrire ces textes — moins pour inventer des histoires que pour essayer de les rejoindre.
La fin du monde, en avançant, disait-il — oui mais en avançant, on ferait le tour du mur avant de se retrouver devant le même mur ; et pourtant nous-mêmes, oui, on s’en serait sans doute éloigné…
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_villes
Articles
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anticipation #33 | les prisons
22 avril 2010, par arnaud maïsetti -
adresse #9 | à la minute près
18 septembre 2010, par arnaud maïsetti« C’est cent fois pire que le froid »
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géométrie du vide
22 septembre 2010, par arnaud maïsettiPlaces Where the Night Is Long (The Apartments, ’The Drift’ (1993)
O gioia, gioia, gioia… C’era ancora gioia in quest’assurda notte preparata per noi ?
Ô joie, joie, joie… Y avait-il encore de la joie dans cette absurde nuit préparée pour nous ?
Pier Paolo Pasolini, ’Splendeur’ (Seconde forme de "La Meilleure Jeunesse")
Il n’y a pas de vide — juste un peu de distance entre deux corps : seulement un peu de distance, et il suffirait de se pencher, tendre le bras, à peine tendre le bras et parler : (...) -
éphéméride de chaque minute
24 mars 2010, par arnaud maïsettiAu matin, on commence le jour ébloui ; les volets ne sont pas assez forts pour empêcher le réveil, l’horizontalité de la lumière qui crève les yeux et on n’y voit rien — c’est qu’on commence à voir.
On réapprend : voir, respirer, marcher, s’orienter dans le temps et l’espace — tout cela qui fait violence et effraction dans la liquidité du sommeil. Comme au premier jour de notre vie, les poumons se déplient au fond de soi pour perforer le corps, et dans la bouche on a ce goût acide du dernier jour de la vie (...) -
racines mouvantes
16 août 2011, par arnaud maïsettiFuneral Canticle (John Tavener - repris dans The Tree Of Life )
Toute théorie est grise, mais vert florissant est l’arbre de la vie.
Johann Wolfgang von Goethe
Racines mouvantes – indémaillables.
C’est une vision d’origine et pourtant : rien qui ne soit passé, achevé, impossible à rejoindre. Une radicalité immobile devant laquelle aucun signe, aucun mot, seulement tenir face, et baisser la garde. Seulement tenir, seulement : et demeurer ainsi, désarmé.
Un je ne sois quoi d’ailleurs, sur lequel (...) -
Où m’emmènent leurs noms_
Laurent Margantin
5 novembre 2010, par arnaud maïsettiOù m’emmènent leurs noms, se demandait-il. Où m’emmènent ne serait-ce que leurs noms de rue, partout où je vais, partout où j’habite, partout où j’ai habité, parfois une seule année ou quelques mois. Il m’arrive même d’oublier les lieux habités pour ne me souvenir que des noms de rue, dont certains peuvent me hanter des années après. La rue Montcalm. La rue Hortense Foubert. L’allée des bois. (Et je reconstitue ou crois reconstituer alors l’ordre des années.) La rue de l’université. La rue des Anglais. La rue (...)
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adresse #5 | au nom de
9 juillet 2010, par arnaud maïsetti« tu me dirais ton nom et je ne le répèterai pas… »
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mille nuits (et une nuit)
30 janvier 2013, par arnaud maïsettiLa nuit, l’amie oh ! la lune de miel Cueillera leur sourire et remplira De mille bandeaux de cuivre le ciel. A. Rimb.
Vue du ciel, rien que du ciel qui mord jusqu’où ne plus le voir et seulement l’espérer encore, qu’il soit le même peut-être : et soi-même là-bas, oui : soi-même y être aussi ; c’est être ici une manière de conjurer l’absence et de dire : je suis là-bas aussi puisque je le veux ; mais non, je suis là, d’ici d’où je peux voir le ciel mordre là où je ne suis pas, pas encore, et le voir aller (...) -
Marseille | vues de la ville
22 décembre 2011, par arnaud maïsetti87 photos de Marseille
hiver 11 -
vitesse et précipitation
21 septembre 2011, par arnaud maïsettiAprès deux mois, je retrouve ce train à même place, monde dehors à même vitesse, mais paysage intérieur méconnaissable : ce qui a changé, impossible de le dire. La distance est la même mais pour rejoindre, impression d’en faire davantage ; le soleil est plus lent aussi. La vitre est sale ; derrière elle, le jour se lève malgré tout, par habitude sans doute : je le vois bien.
Lorsque je prends note sur l’écran de tout ce jeu en moi entre ce monde coulissé à main gauche, les livres à droite sur la table, (...) -
anyone
14 février 2011, par arnaud maïsettiAnyone and Everyone (Lhasa De Sela, ’Lhasa’, 2009)
Kafka nous parle d’un vieux marchand qui ne se soulevait plus qu’en rassemblant toutes ses forces. C’est la nuit. « Diable, crie-t-il, sauve-moi de l’environnement des ténèbres. » On frappe sourdement à la porte. « Vous, tout le dehors, entrez, entrez ! »
L’écrivain d’aujourd’hui, ce vieux marchand sans forces, jadis l’homme des échanges et du commerce heureux, est celui qui, pour se délivrer de la nuit, ne peut en appeler qu’à la nuit. Chose (...) -
cette nuit (d’artifice)
15 juillet 2010, par arnaud maïsettiNights in white satin (reprise de la chanson de The Moody Blues par Alain Bashung — ’Dimanches à l’Élysée’ [concert 2009])
Nights in white satin, / Never reaching the end, Letters I’ve written, Never meaning to send. Mais les nuits de grandes brumes qu’on a dressées là comme des rideaux au-dessus d’un lit, la ville pleine, le fleuve en bas qui passe et que personne ne voit : mais les nuits comme faire mains basses sur toutes les silhouettes, et du vol, des saccages sur les yeux ouverts, que dire (...) -
enfer de la soif (partir)
16 avril 2011, par arnaud maïsettiPrends-y garde, ô ma vie absente !
Rimb.
« et le bruit neuf » : départ — rails, rides sur la main, toutes droites comme jamais le sont les départs ; et les affections : cette odeur de chaleur propre et ventilée des intérieurs (et pourquoi cette pensée sans douleur ni nostalgie, cette pensée toute là, immédiatement là quand j’entre dans le train, adressée à la brume de cendre qu’on traversait jadis dans les compartiments fumeurs du train vers Metz, l’odeur terrible du tabac sec jamais sorti d’ici, la (...) -
entr’ouvert
11 février 2011, par arnaud maïsettiA Wolf At The Door (Radiohead, ’Hail To The Theif’, 2003) Je dévie. Le bon chemin passe par un fil qui n’est cependant pas tendu en hauteur mais ras du sol. ll semble plus destiné à faire trébucher qu’à être emprunté.
Franz Kafka (Journal, Cahier G., 19 octobre 1917)
Longtemps qu’au proverbe vieilli et de bon sens, celui qui veut qu’une porte soit ouverte ou fermée, j’oppose les aberrations intimes qui le démente : tout ce mouvement des choses autour de moi cette semaine (sans doute la suivante aussi) (...) -
pierres blanches
12 mai 2010, par arnaud maïsetti22 photos de murs et d’inscriptions
Printemps 10 -
pleure la ville
29 octobre 2011, par arnaud maïsettià celle qui pleure cette Ville qui ne s’arrête jamais, pauvre brisé bat le pavé encore ivre de son sort
à celle qui dit je pleure
à celui qui pleure la veille de la nuit veillée comme une amante, une sœur de charité, une mélodie tremblée à la bougie sous l’orage
pleure la ville quand je suis seul qui reste à la veiller, et que sa respiration ne suffit pas, ne suffit jamais
pleure avec la ville cette manière qu’elle a de disparaître dans la nuit, ainsi
pleure la ville comme une immense brasse coulée et (...) -
les cheveux flagellés par le vent des tempêtes (la rage, la noirceur, et les visions premières)
15 mars 2012, par arnaud maïsettiEt, quand je rôde autour des habitations des hommes, pendant les nuits orageuses, les yeux ardents, les cheveux flagellés par le vent des tempêtes, isolé comme une pierre au milieu du chemin, je
Les nuits sont comme des morceaux d’étoffe où je m’enveloppe lentement : mais ce soir, pour le premier soir de l’année, pas besoin de manteau en plus, la nuit suffit, on sort dans la douceur, je marche sans sentir le dehors sur ma peau et ma chemise flotte sur moi sans me toucher vraiment ; je regarde. Ce (...) -
respire marche pars va-t’en (la douceur infinie)
22 mai 2012, par arnaud maïsettiil y a des cris de sirène qui me déchire l’âme là-bas en Mandchourie un ventre tréssaille encore comme un accouchement je voudrais je voudrais n’avoir jamais fait mes voyages
Paris, ce n’est pas vrai, je ne voudrais jamais n’avoir jamais fait ces voyages, Paris dans le même temps usé des choses, là, Paris là sous le brouillard, pas besoin de percer les nuages pour atterrir, c’est dans le nuage même que l’avion ce matin posé a fait revenir à moi l’heure d’ici, mais où est désormais l’heure juste, laissée (...) -
monde neuf (une île)
13 mai 2012, par arnaud maïsettiFallait-il être en mouvement pour pouvoir l’écrire, et la quitter, la ville — cette étendue de ville plutôt — que je laisse derrière moi : ici depuis une semaine et pas une seconde pour la voir autrement qu’avec mes yeux, mais suffit que j’en parte, oui, pour ce voyage dans le voyage vers le nord (toujours, on ne voyage qu’au nord ; au sud, on ne fait que revenir), et je la considère cette fois avec mes mains et la note ; alors dans ce bus qui va au plus gris du ciel, une prise pour me souder à l’écran (...)
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signes et analogies (démons)
29 juin 2010, par arnaud maïsetti(
Sur la place Camille Julian, il y a cette vieille femme qui arrache, sans émotion — je veux dire sans joie et sans colère — l’une après l’autre, avec ses ongles, geste consciencieux, les affiches sur ce panneau : concerts, réunions publiques, associations.
Tous les jours depuis une semaine — où je viens là lire L’Obélisque noir — je la vois, de loin, avancer d’un bon pas jusque ici, à deux mètres de moi, arracher, simplement arracher ; et repartir.
Ce matin, je l’attends pour la première fois — les (...)